Les effets contradictoires d’une politique de hausse des dépenses publiques sur l’activité économique. (Première)
(temps de lecture: 2 min)
Le déficit public de 2020 était de 211 milliards d’euros. En
2018, il était de 54 milliards, en 2019 il était de 73 milliards. Et d’un seul
coup, hop, multiplié par trois en 2020. Pourquoi ?
La réponse est simple et elle fait débat chez les économistes…
Avec la crise de la COVID - mais des crises il y
en a souvent - l’activité économique a tourné au ralenti. Des travailleurs
étaient au chômage, les ménages consommaient moins et avaient peur, les
entreprises industrielles produisaient moins, les entreprises du bâtiment
avaient moins de chantier, etc.
L'Etat peut relancer la demande
Face à cette situation, la solution qui a été adoptée aux
Etats-Unis et en Europe est celle qui consiste à faire intervenir l’Etat pour
« booster » l’économie en soutenant la consommation des ménages (on
leur verse de l’argent), en soutenant la production des entreprises (on leur
passe des commandes). C’est ce qu’on appelle une politique de relance de la demande.
Comme la crise fait baisser la demande et que mécaniquement
la production doit baisser, et que le chômage doit augmenter, l’Etat intervient et
stimule la demande pour qu’elle retrouve un niveau satisfaisant. Il y aurait
donc un effet positif de l’augmentation des dépenses publiques.
Mais évidemment, l’Etat n’a pas les fonds nécessaires
pour financer un plan de relance… Il va donc emprunter. Et c’est là que le
problème théorique se pose réellement… Parce que, quand l’Etat s’endette, il ne
le fait pas de quelques milliers ou millions d’euros, il le fait à coup de
dizaines voire (lors de la crise COVID) de centaines de milliards d’euros. Ça n’est pas rien. Et on
peut s’attendre à ce qu’il y ait des effets négatifs
On appelle ces effets négatifs effets d’évictions.
La relance de la demande peut s'accompagner d'effets pervers: les effets d'éviction.
L'effet d'éviction correspond à la baisse des
dépenses des agents économiques privés qui serait provoquée par une hausse des
dépenses publiques.
Cela s’explique simplement mais doublement:
- il existe un marché des fonds prêtables (le marché où l'on se prête de l'argent)… Or, si l’Etat se met à demander des centaines de milliards d’euros sur ce marché, le prix des fonds prêtables (le prix de l'argent) va augmenter. Or le prix de l’argent, c’est le taux d’intérêt et si le taux d’intérêt augmente, emprunter devient plus couteux, il faut rembourser plus… Donc les entreprises et les ménages auront moins la capacité d’emprunter. Ainsi, les dépenses des entreprises en locaux, matériels, véhicules, etc., et des ménages en maison, véhicules, etc. vont baisser… Donc la demande globale va baisser. Et l’effet relance attendu sera limité ou annulé ou surcompensé... (On n'est pas sûr de la grandeur de l'impact négatif, mais il y a impact négatif)
- D’autre part, une dette, ça se rembourse. Or quand l’Etat s’endette, ce sont potentiellement les citoyens et les entreprises qui remboursent… Donc on peut s’attendre à une augmentation des impôts et taxes. Or si les impôts augmentent, les entreprises et les ménages peuvent avoir moins de moyens pour dépenser. La demande globale va baisser. Et l’effet relance sera à nouveau contrarié ou annulé ou surcompensé. (On n'est toujours pas sûr de la grandeur de l'impact négatif).
Le grand problème est donc de savoir si l’effet relance va l’emporter sur l’effet d’éviction sachant que l’effet de la relance est rapide alors
que celui de l’effet d’éviction peut survenir plus tard.
Certains d’entre vous ont peut-être imaginé une autre
solution que le recours à l’endettement : faire marcher la planche à
billet. L’Etat a besoin de 200 milliards d’euros. Il suffit de créer 200
milliards d’euros.
Cette solution, c’est celle qu’ont largement utilisée les Etats-Unis et l’Union Européenne (pour son budget de relance européen venant se greffer à ceux nationaux) … Mais cette solution aussi est génératrice d’effets négatif. Et cela fera l'objet d'un autre post.
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