La moyennisation de la société de Mendras et la réduction des distances interclasses
En enfer, pas de distinction sociale |
Il est issu d’une famille de militaires aisés mais il
grandit dans un département agricole et il voit disparaître progressivement ces
agriculteurs pendant les trente glorieuses.
Il voit aussi une diminution des ouvriers qui se sont
embourgeoisés (le mot est fort mais important) : ils gagnent mieux leur vie
souvent, certains possèdent des actions de leur entreprise, beaucoup sont
devenus propriétaires de leur logement, comme s’ils étaient des capitalistes ;
beaucoup aussi sont devenus des techniciens voire au-delà, c’est-à-dire des
travailleurs au-dessus des ouvriers.
Il voit aussi la société qui se féminise, les employés
devenir la catégorie la plus importante avec la tertiarisation, les
qualifications augmenter, les inégalités diminuer...
Il voit la moyennisation de la société, c’est-à-dire l’organisation de la société non pas autour de deux classes qui s’affrontent mais autour d’un énorme groupe qu’il va appeler classe moyenne. Il rejette donc la vision polarisée de la société que pouvaient avoir Marx.
Il s’oppose donc à l’approche de Marx dans laquelle une
classe moyenne si importante n’existe pas, et dans laquelle le passage d’une
classe à l’autre est quasi-impossible. Chez Mendras, il n’y a pratiquement
qu’une seule classe (la moyenne), et les mouvements seraient importants à
l’intérieur.
Il s’oppose donc à l’approche de Marx dans laquelle une
classe moyenne si importante n’existe pas, et dans laquelle le passage d’une
classe à l’autre est quasi-impossible. Chez Mendras, il n’y a pratiquement
qu’une seule classe (la moyenne), et les mouvements seraient importants à
l’intérieur.
Il s’oppose à Marx aussi parce qu’il entrevoit une
homogénéisation des modes de vie dans toute la société et pas seulement à
l’intérieur des classes.
Il prend l’exemple du barbecue, mode lancée par la
constellation centrale et adoptée par tous : l’élite, les moyens, les pauvres
font des barbecues (cela fonctionne aussi avec le blue-jean’s). Or chez Marx,
implicitement, les styles de vies sont différents entre classes sociales.
La seconde moitié du 20ème siècle a été marquée par une
élévation générale des niveaux de vie et par une réduction des inégalités
économiques (ce qui va contre l’exploitation à la Marx); les ménages ont
globalement de plus en plus de moyens financiers, ils arrivent de plus en plus
à épargner. Les équipements des ménages (en machine à laver, TV, voitures,
etc.) qu’ils soient riches ou pauvres deviennent progressivement les mêmes.
Tous en ont ou presque. L’école se démocratise (dans toutes les familles, les
enfants poursuivent leurs études plus longtemps) …
On peut donc dire que les distances interclasses (entre les
classes) se réduisent.
La distance interclasse est la mesure des inégalités entre
individus appartenant à des classes différentes.
Or si les distances entre classes se réduisent et si les
styles de vie s’homogénéisent, l’analyse marxienne perd grandement de sa
pertinence.
Enfin, chez Mendras, il n’y aurait pas d’identité sociale
véritablement propre à la classe moyenne, pas de stratégies mises en place, pas
d’actions dans un but commun…
Au final, l'approche de Mendras, celle de la moyennisation de la société, n'est pas véritablement compatible avec celle figée et conflictuelle de Marx. Et cette approche remet en cause la pertinence de l'analyse marxiste.
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