Les quatre grandes évolutions de la structure socioprofessionnelle
Un vieux commerçant indépendant qui se fait éjecter par une vendeuse d'une grande enseigne. (Je tiens à dire que le cliché vient de l'IA qui a fait l'image). |
La structure socioprofessionnelle correspond à la
répartition de la population active parmi les groupes socio-professionnels et, à l'intérieur, parmi les catégories socio-professionnelles ou CSP.
Il y a 7 groupes socio-professionnels: les agriculteurs-exploitants, les artisans-commerçants-chefs d'entreprise de plus de10 salariés (ACC), les cadres et professions intellectuelles supérieures ou CPIS (les avocats, médecins, ingénieurs,..., les profs), les professions intermédiaires (les techniciens, les contremaitres, les assistantes sociales, les infirmiers, etc), les ouvriers (les travailleurs manuels agricoles, de bâtiments ou de l'industrie), les employés (les vigiles, les caissiers, les agents d'entretien, etc.).
Et on peut relever quatre grandes évolutions qui correspondent à autant de bouleversement de la structure socio-professionnelle...
La salarisation de
l’emploi
Dans la structure socio-professionnelle, il y a une
opposition entre ceux qui ont le statut d’indépendants (ils sont leur propre
patron) et ceux qui ont le statut de salariés. Les indépendants sont
essentiellement regroupés dans deux catégories : les agriculteurs et les
artisans-commerçants-chef d’entreprise (ACC).
Rapporté à la population active, il y a ainsi de moins en
moins d’agriculteurs exploitants, d’artisans, de commerçants, de chefs
d’entreprises de plus de 10 salariés ; et à l’exception des ouvriers qui voient
leurs effectifs diminuer depuis les trente glorieuses, il y a de plus en plus
d’employés, de cadres et professions intellectuelles supérieures, de
professions intermédiaires.
Au final, on a ainsi de moins en moins d’indépendants et de
plus en plus en plus de salariés. Il y a donc eu salarisation.
La salarisation est
le processus qui consiste à ce qu’une part de plus en plus petite de l’emploi
soit occupée par des indépendants tandis qu’une part toujours plus importante
soit occupée par des salariés (c'est-à-dire une personne qui reçoit un salaire
dans le cadre d’un contrat de travail).
La tertiarisation
La population étant globalement de plus en plus riche, elle
développe des besoins en loisirs, santé, éducation, social, commerce, etc.
C'est-à-dire des besoins en services marchands (le commerce, la finance, les
loisirs, …) et services non marchands (l’éducation, la santé, l’administration,
…). Cela va se traduire par une tertiarisation de l’activité et de l’emploi,
facilitée par le fait que la main d’œuvre de l’industrie et de l’agriculture était
« libérée » par le progrès technique.
La tertiarisation
désigne le processus historique des sociétés occidentales à orienter leur
économie et donc les travailleurs vers les activités de services (secteur tertiaire).
Attention, dans l’agriculture et l’industrie, la production
n’a pas baissé mais elle est de plus en plus mécanisées voire robotisée. La
main d’œuvre dans les secteurs primaire et secondaire a donc diminué mais elle a été absorbée
par le secteur tertiaire en plein essor.
Et ici, on peut faire une distinction entre les travailleurs
du secteur tertiaire marchand qui ont vu leurs effectifs augmenter de plus de
50% depuis le début des années 90 (passant de quelques 8 millions à plus de 12
millions) – ce sont les travailleurs du monde du commerce, de la finance, des
loisirs, etc. – et les travailleurs du secteur non marchand qui ont vu leurs
effectifs augmenter d’un tiers passant de 6 millions à 8 millions – ce sont les
fonctionnaires d’état (professeurs, militaires, …), de la santé dans les
hôpitaux, les fonctionnaires des collectivités territoriales (comme les
assistantes sociales des conseils départementaux, les agents des mairies,
etc.).
Ainsi, mécaniquement, la catégorie des employés, petite au
19ème siècle, va devenir la plus importante au 20ème. Or on retrouve cette
catégorie des employés surtout dans le secteur tertiaire : ce sont les agents
d’entretiens, les vendeuses, les vigiles, les caissiers, etc. Et cette
catégorie des employés se fait talonner désormais par celle des professions
intermédiaires qu’on retrouve aussi beaucoup dans le tertiaire avec les
assistantes sociales, les infirmiers, les secrétaires de mairie, les
éducateurs.
Par contre les ouvriers (essentiellement dans le secteur
secondaire) et les agriculteurs (secteur primaire) ont vu leurs effectifs
fondre.
La féminisation de
l’emploi
La féminisation est
donc l’augmentation de l’activité des femmes de telle sorte qu’on assiste
progressivement à un rapprochement global d’avec les hommes. Mais cette féminisation globale masque des
disparités selon les secteurs d’activité (le tertiaire capte beaucoup de femmes) et les PCS (la catégorie "employé" est très féminine).
Cette féminisation est ainsi particulièrement visible dans la catégorie des employées. Les métiers de secrétaire, de caissière, d’agent d’entretien, d’aide-soignant, etc. sont essentiellement féminins. Mais d’autres catégories ont bénéficiées de cette féminisation : les professions intermédiaires (exemple des infirmières ou des assistantes sociales) et les cadres (exemple des professeurs). Par contre, les catégories en déclin des agriculteurs et ouvriers sont surtout composées d’hommes.
La qualification
regroupe l'ensemble des savoirs acquis par un individu soit au cours de sa
formation, soit au cours de son expérience professionnelle.
L’industrie s’automatisant et étant de plus en plus tournée vers l’international, l’emploi dans ce secteur va considérablement se complexifier et demander plus de qualifications aux travailleurs (les ouvriers deviennent des ouvriers qualifiés ou des techniciens et il y a de plus en plus d’ingénieurs). De la même manière être agriculteur actuellement ne correspond en rien à ce qui était fait il y a soixante-dix ans.
On retrouve le même processus dans le secteur tertiaire avec
la croissance des éducateurs, des assistantes sociales, des infirmiers pour des
exemples de professions intermédiaires et des médecins, des professeurs, des
avocats pour des exemples de cadres et professions intellectuelles supérieures.
Et tout cela est facilité par une politique d’éducation et d’accès aux diplômes
beaucoup plus volontaire mais aussi coûteuse.
Quoiqu’il en soit, il y a donc élévation du niveau de
qualification…
Globalement…
Globalement parce qu’il y a actuellement développement de métiers de peu
ou pas qualifiés comme les livreurs mais ces métiers peu ou pas qualifiés ne compensent pas la tendance
globale qui fait qu’il y a de plus en plus de savoirs incorporés dans les
travailleurs.
L'élévation des qualifications est particulièrement visible par l'augmentation des professions intermédiaires et des cadres dans la population active.
Au final, on peut
donc conclure que sous l’action du progrès technique, de l’enrichissement de la
société et des politiques ou lois mises en place, la structure socio-professionnelle a subi une
multiple transformation marquée par la salarisation, la tertiarisation, la
féminisation et l’élévation des qualifications.
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