Le lien social s'est transformé au cours de l'histoire

 

Emile Durkheim (1858-1917)

Avec la révolution industrielle (au XIXème siècle) et le développement des grandes villes (l’urbanisation), le lien social a été bouleversé. Les rapports entre individus semblent avoir évolué. Mais évolution ne veut pas forcément dire disparition. Et le sociologue Émile Durkheim (1858-1917) a cherché à comprendre comment l'individualisation de la société pouvait conduire à un renforcement du lien social. C’est paradoxal (un paradoxe, c’est deux idées contraires qui se rencontrent) : on serait de plus en plus replié sur nous-même et de plus en plus relié aux autres ?

 L’individualisation est le processus de développement de l'individualisme.

Ce dernier peut prendre une forme liée à une moindre influence de la société sur l'individu et se traduit par une plus grande reconnaissance de la place et de l'autonomie de l'individu.

 

Durkheim montre que les sociétés traditionnelles sont marquées par des liens basés sur la similitude entre les personnes, et une forte conscience d’appartenance au groupe. Il appelle cela solidarité mécanique. (Le mot solidarité veut dire lien ici).

La solidarité mécanique est le lien social basé sur la similitude entre les individus et une conscience collective forte. Elle est caractéristique des sociétés traditionnelles.


Par contre, dans les sociétés industrielles et développées, le lien social est davantage fondé sur la complémentarité qui découle de la division du travail ou la division des compétences. Il parle de solidarité organique.

La solidarité organique est le lien social basé sur la complémentarité des individus et une conscience collective faible.


C’est compliqué… Je vais essayer de détailler.

Pour vous rendre compte de ce qu’est la solidarité mécanique, vous pouvez regarder le film Witness sur les Amishs.  

Mais plus simplement, vous pouvez relire Asterix. Dans l’univers d’Asterix, le plus important, c’est le village, et tout tourne autour du village, de sa survie, de sa crédibilité, de sa séparation d’avec les autres. Demandez-vous pourquoi ils n’ont jamais vraiment partagé leur potion avec tous les gaulois pour lutter contre l’envahisseur romain ou simplement pour gagner plein d’argent ? Est-ce que cela ne veut pas dire que leur communauté est plus importante que le reste ? Vous remarquerez aussi qu’Asterix, donne tout pour le village, et c’est valable pour les autres. Sa satisfaction personnelle importe peu… ou c’est mal dit, sa satisfaction personnelle se confond avec la satisfaction du village. Et il y a un album particulièrement intéressant à relire, c’est « Obélix et compagnie ».

Dans « Obélix et Cie », le fonctionnement du village change et la division du travail s’installe à partir du moment où un romain va demander à Obélix de lui faire des menhirs : Obelix dirige une entreprise de menhir, il emploie d’autres personnes pour faire des menhirs (lui dirige), des personnes pour chasser, des personnes pour lui faire des vêtements, etc.).

On passe d’une société à solidarité mécanique à une société à solidarité organique dans laquelle l’individu à une tâche précise (le travail est vraiment divisé à l’image du corps humain où chaque organe a sa fonction). Dans ces sociétés à solidarité organique, l’intérêt individuel, le fait d’avoir de l’argent par exemple, ou le fait de passer pour quelqu’un d’important, passe devant l’intérêt des groupes. Pour Goscinny et Uderzo (les auteurs d’Astérix), cette transformation du lien social se traduit dans la BD par un affaiblissement du lien qui relie les individus entre eux, et potentiellement cela annonce le déclin du village.

Dans la réalité, ce qui se passe depuis le XIXème siècle, et surtout depuis la deuxième moitié du XXème siècle, est plus complexe… Il y a sans doute un affaiblissement du lien social avec une solidarité mécanique en baisse mais on ne peut pas pour autant parler de déclin de la société. 

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