La diversité des configurations familiales a un impact sur les conditions de socialisation
On a déjà pu évoquer le fait que la société était en évolution. Et ces évolutions peuvent toucher les familles, et notamment, leur configuration. Quel impact ont les différences de configuration familiales sur les conditions de la socialisation ?
Une configuration, c’est la manière dont sont organisées les
éléments d’un système. Ainsi, la configuration d’un ordinateur, c’est à la fois
la manière dont les composants sont disposés, la nature des composants
(processeur Intel ou AMD), leur nombre (une ou deux barrettes mémoires), la
manière dont ils interagissent (comment est relié le disque dur, comment se
déclenche le ventilateur) mais aussi, enfin, le système d’exploitation (Windows
ou Linux).
Donc par
configuration familiale, on peut entendre la manière dont les éléments du
groupe « famille » sont organisés mais aussi le système de normes et de valeurs
qui régit leurs interactions.
Cette définition semble compliquée mais elle va prendre tout
son sens. Et une des questions qui permettra de comprendre l’intérêt de cette
partie est « pourquoi deux familles de mêmes milieux sociaux (par exemple la bourgeoisie)
peuvent générer des enfants aux identités totalement différentes » ?
Le but de cette section n’est pas de dire qu’une
configuration serait meilleure que l’autre mais bien de montrer que les
différences de configuration vont jouer sur la manière dont va s’opérer la
socialisation. Et bien évidemment, si les processus de socialisation diffèrent,
les identités qui en découlent diffèrent elles-aussi.
La socialisation
selon les différences de composition de la famille
Si l’on raisonne en termes de « composants » on peut établir
des distinctions selon :
- Le nombre d’enfants (enfant unique… famille nombreuse)
- Le nombre de générations qui vivent sous un même toit (les enfants, les parents, les grands-parents et même parfois, les arrières grands-parents).
- Le temps passé par enfant ne pourra pas être le même. On s’aperçoit d’ailleurs, selon certaines études, que les cadets font souvent l’objet d’une éducation moins stricte de la part des parents (qui sont vieillissants au fur et à mesure des enfants mais qui,, aussi, sont moins soucieux quant à leur éducation).
- Les frères et sœurs peuvent être en charge d’une partie de la socialisation. Ainsi les frères et sœurs peuvent être chargée des processus d’inculcation et d’action directe (au travers de jeux par exemple) mais aussi, inconsciemment, de celui d’imprégnation. Ainsi, des études montrent que plus la famille est grande plus les femmes, y compris les filles, sont chargées des tâches domestiques.
- Le modèle familial transmis n’est pas le même non plus. Dans les familles à enfant unique, le modèle de l’enfant-roi basé sur la satisfaction personnelle peut plus facilement s’imposer, alors que dans les familles nombreuses serait mis en avant le bonheur familial avant le bonheur individuel.
De la même manière, dans les familles élargies, la
socialisation par les grands-parents notamment peut être plus forte. Or les
grands-parents, en ayant un vécu différent de celui des enfants, peuvent
transmettre des normes et des valeurs différentes aux petits-enfants.
Enfin, on peut envisager d’autres implications liés à la
surreprésentation de garçons ou de filles dans la famille.
La socialisation
selon les différences d’organisation de la famille
Si on raisonne en termes d’organisation, on peut établir des
distinctions selon que la famille est :
- Unie
- Divorcée ou séparée
- Monoparentale (on peut inclure les décès)
- Recomposée
Les conditions d’attention
protée à l’enfant vont différer lors du passage d’une situation où l’enfant à
ses deux parents à une situation où il n’en a plus qu’un. Et cela sera d’autant
plus vrai que les enfants seront nombreux. Et cela sera d'autant plus vrai que la précarité de l'emploi peut toucher ces familles monoparentales et obliger certains parents (souvent les mères) à occuper plusieurs emplois sur des horaires durant lesquels les enfants auraient besoin d'être socialisés et encadrés (le soir par exemple).
Parallèlement, beaucoup de parents soucieux de limiter un
quelconque traumatisme chez les enfants, ou se sentant en concurrence avec
l’autre parent, modifient leurs comportements envers les enfants et les normes
et valeurs véhiculées : ils accordent plus de liberté, offrent plus de cadeaux
s’ils le peuvent, etc.
Même chose avec les familles recomposées dans lesquelles
deux systèmes de valeurs vont entrer en collision pour les enfants. Et cette
nouvelle famille doit « inventer » un nouveau système d’autorité parentale et
donc de valeurs transmises.
La socialisation
selon les différences de système de valeurs de la famille
Si on raisonne en terme de système, ici ce qui intervient,
c’est le « logiciel » de la famille :
- Famille patriarcale avec une autorité forte du père
- Famille égalitaire mais autoritaire (il y a une égalité homme/femme chez les parents mais une domination des enfants
- Famille démocratique (un minimum)
A niveaux social équivalent, la socialisation des parents vers l’enfant ne sera pas la même pour qu’il grandissent dans une famille où le modèle est celui d’un père avec une autorité forte, qui pèse sur les décisions de la famille, ou qu’il grandisse dans une famille démocratique, c’est-à-dire dans laquelle l’enfant prend part aux décisions de la famille (couleur de la voiture, lieu de vacance, activités culturelles et/ou sportives de l’enfant, choix des études).
Beaucoup d’études aussi, ont cherché à mesurer l’impact de
l’émigration sur les valeurs transmises.
Les familles qui émigrent le font avec leur système culturel mais une
fois qu’elles passent du statut de migrant à celui d’immigré, la volonté peut
être forte d’avoir des enfants qui connaissent une bonne intégration voire une
ascension sociale. L’accent est alors mis sur la réussite scolaire comme moteur
de l’insertion professionnelle et de l’ascension sociale.
Enfin, chaque famille a un logiciel (un système de normes et
de valeurs) qui lui est propre. Ce logiciel peut être proche de celui d’une
famille de même niveau social mais il n’en reste pas moins que des différences,
parfois minimes, existent. Or, de petites différences peuvent avoir de grandes
conséquences. Certaines études montrent ainsi que l’importance accordée à
lecture durant l’enfance (par exemple, la lecture d’histoire avant de dormir)
peut conduire à des trajectoires d’enfants très différentes.
L’expérimentation par
les enfants de configurations familiales variées implique une différence de
socialisation qui peut donc expliquer les différences de comportement des
individus.
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