Pourquoi les banques centrales régulent la masse monétaire...
Les banques commerciales sont les créatrices de monnaie
mais la banque centrale peut réguler les choses.
Or en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, etc., les banques
centrales sont indépendantes. Elles ne sont pas aux ordres des gouvernements.
Pourquoi ? La réponse simple : parce que la tentation serait
grande pour les gouvernements de faire « marcher la planche à billets » (c’est une manière de parler
pour dire que l'on crée de la monnaie)
; et ceci pour s’attirer la sympathie des électeurs par exemples. Or cette «
planche à billets » a historiquement été source de grands maux :
l’hyperinflation des années 30’ en Allemagne est la conséquence d’une création
monétaire devenue incontrôlable et la cause de l’avènement d’Hitler.
C’est pourquoi, en Europe, l’objectif principal de la Banque
Centrale Européenne (à Francfort) est la stabilité des prix : il faut que la
variation des prix d’une année sur l’autre (l’inflation) soit proche de 2%.
Raisonnons simplement. Le prix du kebab est de 5€. Imaginons
que le lycée dans lequel vous êtes-vous donne 10€ par semaine pour vous
féliciter de votre assiduité. Il le fait pour tous les élèves. Vous avez temporairement le sentiment d’être
plus riche. Et vos camarades aussi. Mais le vendeur de kebabs, lui, ne peut
peut-être pas fournir plus de kebabs et, même sans cela, il va se rendre compte
que vous avez plus d’argent. Il va donc augmenter ses prix, sans doute pour faire
passer le kebab, à 10€.
Au final, c’est le problème des valeurs nominales et des
valeurs réelles déjà évoqué dans un article sur les taux d'intérêt. Vous avez plus d’argent mais vous n’êtes pas réellement plus riches.
Vous êtes déçus (et tous les élèves le sont) … L’absentéisme
repart à la hausse. Le proviseur vous donne désormais 20€… Mais au bout du
compte, ça ne change rien. Le mécanisme continue.
Par contre, avec ses âneries, le proviseur a désorganisé
l’économie locale. Ceux qui ne reçoivent pas d’argent de poche parce qu’ils ne
sont pas lycéens se retrouvent d’un seul coup moins riche. Les prix du kebabs
(et d’autres produits) ont explosé : c’est l’hyperinflation.
Avec cet exemple, on comprend que plus la masse monétaire augmente,
plus la demande globale augmente, plus les prix augmentent. Et cela peut
aboutir à une crise monétaire aux effets dévastateurs.
Dans le cas de l’Allemagne des années 30 ou du Venezuela
actuel, la création monétaire s’est emballée ; à tel point que les billets ne
valaient ou ne valent plus rien.
C'est pourquoi la Banque centrale Européenne a pour mission principale de
contenir l’inflation pour limiter l’impact négatif économique et social.
Lorsque les prix s’emballent, la BCE augmente son taux directeur, les taux
proposés par les banques commerciales augmentent, les emprunts baissent, la
masse monétaire augmente moins (ou baisse), et l’augmentation des prix
ralentit.
Vous pourriez me demander : « mais pourquoi ne pas aller
plus loin et faire baisser les prix ? ». Ce qu’on appellerait une déflation.
C’est un autre danger. On lui donne le nom de spirale
déflationniste. Quand les prix baissent, ils se passent deux choses : les
entreprises gagnent moins et les acheteurs attendent que les prix baissent
encore plus. Sauf que pendant ce temps-là, les entreprises licencient, le
chômage augmente, donc la consommation baisse, accentuant la baisse des prix,
la baisse des recettes des entreprises et les acheteurs voyant que les prix
baissent retardent encore leurs achats, etc., etc., etc.
C’est pourquoi la BCE essaie de maintenir l’augmentation des
prix (l’inflation) autour de 2%.
Aux Etats-Unis, par contre la banque centrale, la Federal
Reserve System (ou FED) est plus souple vis-à-vis des prix. Quand l’activité
économique ralentit (et que le chômage augmente), elle baisse son taux
directeur pour encourager le crédit bancaire et donc les dépenses des agents
économiques : les agents s’endettent et dépensent le montant de leurs emprunts.
L’augmentation de la masse monétaire « booste » l’économie. C’est ce qui
s’appelle une politique de relance monétaire.
Face à la crise du COVID, la FED, la BCE et les Etats-Unis
comme l’Union Européenne ont pratiqué des politiques de relance budgétaire et
monétaire. Par contre l’inflation est désormais forte aux Etats-Unis et en
Europe… Et la BCE a remonté son taux directeur.
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