La fragilisation du lien social peut conduire à la désaffiliation
La désaffiliation n’est
pas pour autant l’exclusion, elle est le processus qui conduit à l’exclusion.
On doit cette notion à Robert Castel (1933-2013).
Castel considère qu’il y a deux éléments fondamentaux du
lien social :
D’un côté, le travail donne un statut social, qui donne but,
qui occupe, qui permet aussi l’obtention d’une rémunération… Le travail donne
aussi des droits supplémentaires : l’indemnité chômage, l’indemnité
retraite, la protection santé qui sont souvent supérieures aux minimas sociaux.
Le travail détermine ainsi l’axe « intégration professionnelle » du
lien social.
De l’autre côté, la sociabilité détermine un espace
relationnel, qui connecte les individus entre eux, qui les solidarise
financièrement, socialement, affectivement. C’est l’axe « insertion sociale»
du lien social. La famille, les amis sont les instances essentielles de cette
sociabilité mais les associations peuvent aussi intervenir.
On trouve sur le premier axe une multitude de situations qui
vont de l’absence totale de travail à l’emploi stable en passant par les
emplois précaires. Sur le deuxième axe se trouve aussi une diversité de
situations allant de l’isolement total à l’appartenance forte à des groupes sociaux
divers.
Avec ces deux axes, on peut ainsi déterminer le degré d’intégration
d’un individu dans la société avec des situations allant de ce que Castel nomme
la zone de désaffiliation (mauvaise situation sur les deux axes à la zone d’intégration
(bonne situation sur les deux axes). Entre ces deux zones se trouvent celles d’assistance
et celle de vulnérabilité.
La différence entre la zone d’assistance et celle de
désaffiliation tient dans les conséquences en termes de comportements
individuels qu’elles peuvent occasionner.
La zone de désaffiliation est celle du « décrochage par
rapport aux régulations à travers lesquelles la vie sociale se reproduit et se
reconduit » ("La montée des
incertitudes. Travail, protections, statut de l'individu", 2009).
Par exemple, un individu assisté, un individu donc qui
bénéficie des aides et prestations de l’Etat, peut parfaitement avoir un comportement
social dans la norme. Un individu désaffilié sera plus facilement marqué par la
déviance, potentiellement la délinquance, mais aussi le déni de soi... A tel point, qu'il pourra refuser l'assistance sociale.
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