Le marché est une institution multiforme

 



Le marché est une institution

Le marché est une construction ancienne. A partir du moment où les individus ont produit plus que ce dont ils avaient besoin ou à partir du moment où ils se sont spécialisés et n’ont plus eu la capacité de satisfaire entièrement leurs propres besoins, il a bien fallu échanger. On a du mal à dater l’apparition des échanges basés sur un mécanisme de marché avec des individus qui échangent en fonction d’un prix.

Dans les économies modernes, pour la majorité des biens ou de services, cet échange se fait sur un marché, c’est-à-dire le lieu (réel ou fictif) réunissant des offreurs (les vendeurs) et des demandeurs (les acheteurs). Et cet échange se fait en fonction d’un prix.

Dire que le marché est une construction, c’est déjà admettre qu’il n’est pas naturel. Il est une invention. Mais dire que c’est une construction, c’est aussi se rendre compte qu’un marché a un emplacement et une enceinte, donc des limites qui peuvent être réelles (un mur, un grillage, un emplacement… à l’exemple du marché de Rungis qui est le plus grand marché de produits frais du monde) ou virtuelles (sur internet).

 

Par-delà, le fait que les marchés sont des constructions, on peut dire que les marchés sont des institutions... Les institutions sont les règles et les lois et les politiques, plutôt stables dans le temps, et les organismes qui les appliquent, dont le but est de maintenir la stabilité de la société.

Il y a plusieurs manières de justifier ce terme « institution » :

  • Les tous petits enfants, quand ils s’échangent des jouets ne le font pas nécessairement en raisonnant en terme de prix (donc de valeurs). La société leur apprend très rapidement ce qu’est la valeur : par exemple, on leur apprend qu’une carte Bulbizar ne vaut pas un Dracaufeu évolution. Et en fait, on raisonne pratiquement tous instinctivement en termes de valeur. On a intériorisé ce mode raisonnement au cours d’un vaste processus de socialisation. En cela, le marché est devenu une règle de vie stable dans le temps… donc une institution.
  • D’autre part, les marchés sont encadrés par des règles juridiques, des lois (droits commercial, droit du travail, droit des marchés publics, etc.…). En cela, on peut dire que les marchés sont des institutions. Par exemple, il faut que l’acheteur d’un produit puisse être garanti juridiquement qu’il pourra utiliser son produit (c’est ce qu’on appelle le droit de propriété… très importants, ces droits de propriété pour l’an prochain). Et il y a des politiques (politique de la concurrence dont on reparlera dans la chapitre suivant) qui visent à encadrer le fonctionnement des marchés ou favoriser leur émergence.

 

Il existe une grande diversité de marché

Le marché est, finalement, une manière d’agir et de penser qu’on va étudier avec une approche globale, théorique. Mais cela n’empêche pas qu’il existe une grande diversité de marchés. Il faudra donc distinguer le Marché (avec un grand M) qui est une sorte de chose abstraite, une idée, une théorie (« si les prix baissent, c’est que le Marché veut ça »… « C’est la loi du Marché »…) et les marchés qui sont des choses concrètes incluses dans le Marché avec un grand M (le marché du pétrole, le marché des actions, le marché du travail, le marché de l’immobilier, le marché de la place du 18 octobre, le supermarché du coin…).

A partir de ces quelques exemples, on peut déjà faire une distinction entre quatre types de marchés :

  • Les marchés de biens (les voitures, les stylos, les smartphones…l’immobilier),
  • Les marchés de services (services bancaires, coiffeurs, recherche scientifique, commerce…),
  • Le marché du travail sur lequel des organisations (les entreprises, les administrations, …) achètent des travailleurs qui, eux, se vendent (travailler, c’est se vendre).
  • Les marchés financiers dans lesquels on échange des produits financiers (les actions, les obligations, les devises (les monnaies étrangères… y compris les crypto monnaies)).

Et à partir de cette distinction, on peut faire d’autres déclinaison en fonction de la taille du marché (est-ce un marché local, national, international ?) ou en fonction de leur « réalité » : a-t-on un marché réel (le marché de Châteaudun, le marché aux bestiaux de Parthenay, …) ou un marché fictif? Même s’il existe des « places boursières » comme Wall-Street à New York, la City à Londres, etc., les marchés boursiers sont fictifs ou virtuels, presque tout se passe sur internet.

Enfin, tous les marchés ne sont pas équivalents selon leur degré de concurrence. Un marché concurrentiel réunira un très grand nombre d’offreurs et de demandeurs. Les marchés financiers, par exemple, sont très concurrentiels (il y a un très grand nombre d’offreurs et de demandeurs).

Mais un marché en monopole ne présentera qu’un seul offreur (ce qui lui donnera du pouvoir... on reverra cela mais gardez en tête que la SNCF a le monopole du transport ferroviaire de voyageurs en France). Il existe, inversement, des marchés avec un seul demandeur (monopsone). C’est souvent l’Etat qui est ce seul demandeur (par exemple sur le marché de rails ou des centrales nucléaires).

Enfin, il y a souvent des marchés dans lequel ne se retrouve qu’un petit nombre de vendeurs (on parle alors d’oligopole). C’est l’exemple des fournisseurs d’accès à Internet (Orange, Free, Bouygues et SFR). Ou un petit nombre de demandeur (oligopsone), à l’exemple du marché du Lait où il n’y a que quelques entreprises (Danone, Lactalis…) qui achètent le lait aux agriculteurs producteurs de lait.

Pour finir, ce dernier exemple avec Danone et Lactalis est intéressant parce qu’il montre qu’une entreprise peut se trouver soit du côté des vendeurs (quand elle vend ses produits), soit du côté des acheteurs (quand ils achètent leurs matières premières, composants, etc.).

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