Points communs et différences des crises de 1929 et 2008

 

Les crises financières peuvent ne toucher qu’un seul pays ou qu’un petit groupe de pays… Mais deux crises ont eu des répercussions mondiales dont une plus ou moins directement s’est conclue sur une guerre mondiale : la crise de 1929 et la crise de 2008.

 

La crise de 1929



Une crise, c’est un peu un point de retournement, un moment qui annonce un changement qui peut ^tre durable (comme la crise d’ado: c'est le moment où l'enfant change d'identité et la crise d'ado peut être durable).

Dans les années 20, les épargnants américains, de plus en plus nombreux avec l’élévation des niveaux de vie, achètent de plus en plus des actions d’entreprises.

Une action est un titre de propriété d’une fraction du capital d'une entreprise qui permet de recevoir une partie du bénéfice (les dividendes). Ce titre peut s’échanger sur le marché boursier.

Le système bancaire encourage même ces épargnants à emprunter de l’argent pour pouvoir acheter encore plus d’actions.

Or, selon la loi de l’offre et de la demande, si la demande d’actions augmente plus que l’offre d’actions (ce qui était le cas ici), la valeur des actions augmente. Or plus la valeur de ces actions augmente, plus les épargnants s’enrichissent et, à la rigueur, plus ils vont vouloir acheter d’actions ou enverront le signal à d’autres épargnants qu’il faut acheter des actions.

En simplifiant… Normalement, la valeur des actions d’une entreprise correspond à la valeur d’une entreprise. Si une entreprise, avec ce qu’elle possède comme matériel, comme placement, comme clients, etc., a une valeur de 100 (100 quoi ? on s’en fout, c’est pour l’exemple). Et qu’elle émet 20 actions, chaque action vaut 5. (5 x 20 = 100).

Mais si les gens se battent pour avoir ces actions, leur valeur va augmenter bien au-delà de ce que vaut fondamentalement l’entreprise.

Au final, cela donne un prix de l’action qui est complètement artificiel, qui n’a rien à voir avec la valeur réelle de l’entreprise.

Cette situation dans laquelle la valeur des actifs (l’action est un type d’actif, un appartement est un actif… c’est du vocabulaire de finance) … cette situation donc dans laquelle la valeur des actifs est déconnectée des valeurs réelles s’appelle bulle spéculative.

Une bulle spéculative est une situation dans laquelle les cours des actifs (actions, biens immobiliers, etc.) s'écartent durablement de leur cours fondamental.

Et c’est la spéculation qui favorise cette déconnexion d’avec la situation réelle.

La spéculation est l’opération consistant à acheter quelque chose en vue de réaliser un bénéfice lors de sa revente future.

Malheureusement pour les spéculateurs, le jeudi 24 octobre 1929 (le jeudi noir), la bulle va éclater. Il y avait eu un ralentissement économique (les entreprises industrielles surtout vendaient moins) et l’idée que la valeur des actions était aberrante circula. Les détenteurs d’actions se mirent à essayer de les vendre rapidement, la valeur des actions s’effondra.  Ce fut le krach de 1929 qui allait plonger le monde dans la Grande dépression (qui prendra réellement fin avec la 2nde guerre mondiale).

Les épargnant ont vu la valeur de leur épargne fondre ; les emprunteurs n’ont plus les moyens de rembourser leurs dettes ; les consommateurs ont peur et consomment moins ; les banques ont peur, certaines ont fait faillite ; et donc il y a moins de prêts pour financer les projets. L’économie tourne au ralenti. La production baisse et le chômage augmente.

 

La crise de 2008



La crise de 2008 commence avec le marché immobilier américain et se transmets par le biais du lien marché immobilier/marchés financiers…

On est dans les années 2000, l’économie américaine va bien. Le chômage est faible, la croissance est plutôt forte, les taux d’intérêt sont bas et comme l’avenir semble radieux, les ménages y compris les plus pauvres commencent à s’endetter massivement pour acheter des biens immobiliers (des maisons).

Et les banques, et les promoteurs immobiliers, encouragent les ménages (y compris les plus pauvres) à s’endetter pour devenir propriétaires.

Il y a donc une bulle spéculative immobilière qui va apparaitre: le prix des biens immobiliers augmente avec une demande plus forte que l’offre. Et tous ceux qui étaient propriétaires voient leur richesse augmenter puisque que leur richesse est souvent composée de leur maison (qui a une valeur qui augmente). Et certains vont s’endetter pour faire des « coups » avec les biens immobiliers (en revendant plus cher qu’ils n’ont acheté).

Pour acheter leur bien immobilier, les ménages contracte des crédits hypothécaires. Le crédit hypothécaire est une pratique ancienne qui a permis à de nombreux ménages de devenir propriétaire , mais ceux pratiqués par les banques américaines en 2008 étaient particuliers et ils ont un nom qui est devenu célèbre : les subprimes.

Crédit signifie qu’on fait un emprunt à un certain taux d’intérêt. Or souvent, ces crédits subprimes étaient à taux variables (si le taux augmente, il faut rembourser plus).

Hypothécaire signifie que si vous ne pouvez pas rembourser, la banque saisit votre bien immobilier.

Mais le crédit subprimes va plus loin que le crédit hypothécaire normal : il transforme la dette du ménage en titre de créance (en obligation si vous voulez).

Rappelez-vous… Une obligation est un titre financier qui s'échange sur les marchés financiers. C'est un titre de dette émit par une entreprise (ou un Etat) qui donne donc droit à un remboursement avec intérêt pour celui qui le possède (le créancier).

Par exemple, un ménage A doit 100 000$ à la banque X avec un taux d’intérêt de 5% sur 25 ans. La banque va partager ces 100 000 $ en 1000 parts de 100$ qu’un ménage B ou une autre banque Y peut acheter. Et chaque titre détenu par le ménage B ou la Banque Y sera progressivement remboursé par le ménage A avec des intérêts.

En faisant cela, la banque X répartit le risque de non remboursement du ménage A sur plusieurs agents économiques et non plus que sur elle. C’est malin.

C’est ce qu’on appelle la titrisation.

La titrisation est un mécanisme consistant à transformer des actifs peu liquides (comme des crédits bancaires) en titres financiers plus liquides donc qu’on peut revendre plus facilement à un ou plusieurs investisseurs (les créanciers).

Et comme le système semble bien fonctionner, on se bat pour détenir ces titres qui semblent être des placements avantageux.

Or en accordant des prêts immobiliers à des ménages aux revenus peu élevés, le système bancaire a pris des risques important de non remboursement du prêt. Et à partir de 2006, de plus en plus de ménages n’arrivent plus à rembourser leurs prêts.

L’argent ne rentre plus assez dans les caisses des banques.

La bulle éclate et le marché immobilier s’effondre en 2007. Et même en saisissant les maisons, les banques ne peuvent plus honorer leur dette vis-à-vis de ceux qui ont acheté les titres financiers puisque les prix des maisons à chuter.

Certaines banques font faillites (comme Lehman Brothers en 2008), d’autres réduisent leurs prêts pour pouvoir continuer rembourser les agents qui détiennent des titres. C’est la panique à Wall Street puis dans le monde entier.

Les agents économiques ont peur : les consommateurs consomment moins, les épargnants voient les banques fermer ou leurs titres de créance ne plus rapporter, les entreprises n’investissent plus). L’économie tourne au ralenti. La production baisse et le chômage augmente.

 

Les caractéristiques des deux crises financières

Si on fait un bilan, on peut dénombrer, pour commencer, plusieurs différences :

  • Dans le cas de la crise de 1929, le point de départ est la spéculation sur les actions tandis que dans la crise des subprimes, cette spéculation touche initialement l’immobilier et le titres de créances sur les prêts immobiliers.
  • La crise de 1929 va avoir des répercussions qui vont durer dans le temps (il faudra attendre 7 ans pour que la production états-unienne retrouve son niveau d’avant la crise) alors que la crise de 2008 sera absorbée en 2-3 ans.

Il y a surtout plusieurs points communs.

  • Il y a initialement une bulle spéculative avec déconnexion de la valeur des actifs de leur valeur fondamentale
  • Il y a un effondrement boursier : la valeur des actions des différentes places boursières (Wall Street en tête chute considérablement).
  • Il y a des faillites en chaine : Des banques ferment mais aussi, par la suite, des entreprises non financières.
  • Il y a une chute du PIB : la somme des richesses créée (le PIB) baisse. La crise va donc au-delà du ralentissement économique : il y a récession (baisse du PIB) voire même, quand cette récession est longue, dépression.
  • Il y a une augmentation du chômage : la quantité de travailleurs sans emploi augmente fortement.

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