Les politiques d'allègement du coût du travail




 Le problème du coût du travail, on l’a évoqué plusieurs fois pour montrer qu’il pouvait être source de chômage structurel:

  • Le salaire d’efficience, plus élevé que la salaire d’équilibre théorique, est un surcoût pour les entreprises… Mais peut-on vraiment lutter contre ce problème ?
  • Un salaire minimum trop élevé décourage l’emploi dans certains secteurs peu rentables comme la restauration par exemple.
  • Le coût du travail serait trop élevé. Ça n’est pas une question de niveau de salaires mais une question de charges sociales : les cotisations sociales nécessaire au financement de la protection sociale décourageraient les entreprises d’embaucher.

Donc il faudrait les baisser, ces cotisations sociales. Si les travailleurs coûtent moins cher, les entreprises peuvent plus facilement les embaucher puisqu’ils « pèsent » moins lourd dans le budget de l’entreprise. D’autre part, cela améliorerait la compétitivité des entreprises or des entreprises plus performantes vendent plus et pour vendre plus, il faut produire plus, et pour produire plus, il faut des travailleurs, et ça tombe bien, ils coûtent moins cher!

Le joli graphique en dessous, c’est celui du taux d’imposition sur les entreprises, je l’ai piqué dans le Figaro mais il provient de la banque mondiale (ça date : 2013).

Les entreprises ont des prélèvements obligatoires qui varient selon les pays.

« Le taux global inclut l'imposition des bénéfices, les cotisations et les charges sociales supportées par l'employeur, ainsi que d'autres prélèvements comme la taxe foncière, l'imposition des dividendes, l'impôt sur les plus-values ou encore les taxes sur la collecte des déchets ».

Il y a donc une partie imposition sur ce que gagne l’entreprise et une partie imposition sur les travailleurs qu’utilise l’entreprise.

 Et l'on peut faire une comparaison intéressante entre pays européens

Outre le fait que la France serait un des pays de l’UE qui impose le plus, on voit surtout qu’elle taxe peu les bénéfices mais qu’elle prélève beaucoup de charges sociales.

L’Allemagne est un peu dans le même cas parce que son système de protection sociale est très proche du notre. Malgré tout, la pression globale est nettement moindre.

Mais surtout comparé au Royaume-Uni, on voit qu’il y a un problème. L’Etat français exerce une pression qui est presque le double de celle de sa voisine d’Outre-Manche.

Cela joue donc à la fois sur la compétitivité-prix des entreprises françaises et sur l’incitation des employeurs à ne pas embaucher, voire à ne pas embaucher pour préférer automatiser, robotiser, etc.

Alors attention, le réflexe est de se dire « bah, il faut baisser les cotisations sociales ». Ok, si vous voulez mais on touche à quoi ? Parce que les cotisations sociales servent à quelque chose : 42% servent à financer le système de santé, 26% les retraites, 10% la famille (les allocations familiales), 8% l’assurance chômage, et 16% d’autres actions sociales diverses.

L’autre solution, qui est celle appliquée en France, consiste à « alléger les cotisations sociales » pour certains secteurs (l’aide à la personne par exemple) ou certains « publics » (les apprentis, les stagiaires, …) ou certaines zones géographiques (zones de redynamisation urbaine, zones de revitalisation rurale, les DOM…).

Cela concerne surtout les bas salaires pour favoriser l’insertion professionnelle des moins qualifiés et des moins favorisés d’une manière générale.

Mais on retombe toujours sur le même problème : ce que l’Etat perd en exonérant ou en allégeant les charges sociales, il doit le retrouver quelque part.


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