L’environnement est un bien commun qui incite à la surexploitation



Les marchés, qu’ils soient concurrentiels ou imparfaitement concurrentiels, s'occupent des produits  rentables à produire (pour au moins une entreprise).

C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont produits ces produits (ils rapportent de l'argent).  Et implicitement ces produits n’existent pas en quantité infinie. C'est pourquoi ils ont un prix.

En fait, les produits qui s'échangent sur les marchés sont  « rivaux » et « excluables » :

  • « Rivaux » (de rival ou rivalité) parce que si un individu en achète un, il prive potentiellement un autre individu de l’avoir. Quand Melys achète un pain au chocolat au lycée, elle prive (potentiellement) un autre élève d’avoir un pain au chocolat (oui, je sais, il en reste parfois… c’est pour l’exemple… et pis, il n’en reste pas toujours).

  • « Excluable » (du verbe exclure) parce que, comme ils ont un prix, tout le monde ne peux pas les acquérir. Le pain au chocolat est à 1€ et tout le monde n’a pas les moyens de s’en acheter un. Comme ces biens ont un prix, les consommateurs doivent faire attention à ce qu’ils font quand ils les achètent (ils ont un impact sur leur budget). Et comme ils ont un coût de production, les entreprises doivent faire attention à ce qu’elles font (ils ont un impact sur leur budget).

On appelle ces biens, qui sont rivaux et excluables, des biens privés, sous-entendu, il existe des biens publics qui sont, eux, non-rivaux et non-excluables (un parc public, l’éclairage public, etc.)

Et il existe, pour ce qui nous intéresse ici, des biens communs rivaux et non-excluables.

Un bien commun est :

  • « Non-excluable » parce tout le monde peut l’acquérir (il n’a pas de prix, il est à disposition de tous).
  • « Rival » parce que, au fur et à mesure que des individus le consomment, sa « quantité » diminue, et donc ce que consomment les uns empêche les autres de le consommer… Ou de le consommer avec la même qualité.

 Et on peut dire que l’environnement (dans un sens large)  est un bien commun.

C’est par exemple le cas avec les réserves de poissons. Tous les pêcheurs peuvent pêcher des poissons (le bien est non-excluable) mais plus il y a de pêcheurs, moins il y a de poissons pour les pêcheurs suivants (le bien est rival).



Le cas de la pêche est un cas d‘école qui illustre ce qu’on appelle la tragédie des biens communs:

  •  Les pêcheurs ont tout intérêt à pêcher individuellement le plus possible.
  • Et si l’un se refuse à le faire parce qu’il a la fibre écolo, un autre le fera à sa place pour gagner le maximum.
  • Au final, les réserves naturelles de poissons (les réserves halieutiques) s’épuisent sous l’impact de la surexploitation. Et les pêcheurs finissent par « l’avoir dans le baba ».

Cette « tragédie » impose l’intervention des pouvoirs publics.

Et le parallèle avec l’atmosphère est facile à faire. L’atmosphère ou l’air appartient à tout le monde (non-excluabilité) et tout le monde peut polluer l’atmosphère mais plus on la pollue plus on prive les individus de profiter d’une bonne atmosphère (rivalité).

Posé en des termes de sciences économiques ou de sciences politique, le problème est le suivant : les individus doivent choisir entre l’optimisation de leur satisfaction individuelle (rendre son bien-être personnel le plus élevé possible) ou l’optimisation du bien-être collectif (rendre le bien-être collectif le plus élevé possible).

L’individu qui jette sa canette ou son mégot dans la rue ou son sac plastique dans la mer privilégie son bien-être individuel, celui qui achète une grosse voiture polluante privilégie son bien-être individuel,  celui qui va en vacances aux Maldives, en prenant l’avion de surcroît, privilégie son bien-être individuel, celui qui produit en polluant privilégie son bien-être personnel (et sans doute celui de ses salariés)…

Et ce raisonnement peut être étendu aux nations. Les pays doivent choisir entre l’optimisation du bien-être de leur population ou l’optimisation du bien-être collectifs de tous les peuples. Quand Trump est sorti des accords de Paris sur le climat, il a privilégié son pays (et les emplois dans les mines, les puits de pétrole, etc.).


On comprend ainsi que, parce qu’il est un bien commun sans frontières, et parce qu’il est potentiellement sujet à de tragiques surexploitations ou détérioration, l’environnement impose la mise en place d’accords au niveau local comme au niveau international.. Parce que, à force de privilégier son bien-être personnel ou celui de sa nation, on détériore l’environnement de tous et surtout celui des générations futures.

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