Pourquoi étudier la justice sociale ?

 

Après lecture de cet article, vous n'envisagerez plus jamais le partage de gâteau de la même manière... J'en suis désolé.

Imaginez que vous ayez cuisiné un gâteau avec des amis. Il est beau, il est appétissant… Il est tellement désirable que tous aimeraient en avoir une bonne part.

Mais justement, comment allez-vous le partager ?

Est-ce que vous allez simplement découper le gâteau en un nombre de parts de même taille, un nombre de parts équivalent au nombre de personnes présentes ? Ce qu’on pourrait appeler une solution égalitaire (et même strictement égalitaire). Il y a par exemple six participants… Ne serait-il pas juste que l’on découpe le gâteau en six ?

C'est ce qui se passe souvent...

Mais est-ce qu'il ne faudrait pas tenir compte des efforts de chacun. Dans la confection du gâteau, il y en a bien un qui s’est tourné les pouces, un qui a travaillé mais pas beaucoup, un qui a fait ce qui était facile et un ce qui était difficile, un qui a managé tout le monde, un qui s’est tapé la vaisselle… Ne serait-il pas juste qu’on donne en fonction de l'effort et même mieux: du mérite ? 

En plus, il y en a un qui a fourni le matériel. Est-ce qu’il ne faudrait pas en tenir compte aussi ?

Là, certains d'entre-vous se disent "ah bah oui, peut-être".

Alors? On partage comment? 

Et puis, il y a une autre manière d'entrevoir le partage... Est-ce qu'il ne faudrait pas tenir compte des besoins nutritionnels de chacun et essayer d’être équitable. 

Par exemple, moi-même, je pèse presque deux fois plus lourd que ma femme, j’ai donc des besoins nutritionnels plus importants. Mon fils est en pleine croissance, il a des besoins nutritionnels plus importants que ma femme… Ne serait-il pas juste qu’on en reçoive une plus grosse part qu’elle ? 

Et puis mon fils étant tout de même plus mince que moi, sa part ne devrait-elle pas être inférieure à la mienne? 

Et puis je suis le chef de famille (dans la vraie vie, ça n'est pas vraie mais faisons comme si)... En tant que chef, je n'aurais pas le droit à une plus grosse part?

Je ne suis pas sûr que vous soyez convaincus par mes dernières propositions... Mais dans la vie réelle, qu'est-ce qui justifie que certains reçoivent une plus grosse part de quoique ce soit plus grande que les autres? Et est-ce juste?

Alors, est-ce que, au final, il ne faudrait pas rechercher une solution intermédiaire qui satisferait au mieux tout le monde... 

Ceci dit, elle n'est pas facile à trouver. Cela pourrait être une source de conflits. D'ailleurs, satisfaire au mieux, qu'est-ce que cela veut dire?

La grande question (après toutes ces questions préalables), c’est de savoir ce que l’on considère comme juste. Donner autant à celui qui n’a rien fait qu’à celui qui a travailler, cela n’est pas juste pensent sans doute certains d'entre-vous… 

Eh bien, en fait ça peut l’être ou en tout cas, ça se discute…

Vous ne voyez pas comment ce serait possible ? Alors, imaginez que celui qui n’a rien fait n’ait pas de bras. ou imaginez que celui qui n’a rien fait lors de la confection du gâteau, n’ait rien fait parce qu’on ne lui en a pas laissé la possibilité, ou encore parce qu’il n’avait pas les connaissances pour aider. 

Et si celui qui n'a pas participé financièrement n'avait pas d'argent? 

On comprend que la question de la répartition juste est complexe.

Et une mauvaise répartition d’un gâteau peut être source de tensions à l’intérieur d’un groupe d'amis.

A l’échelle d’un pays, ce gros gâteau, c'est le PIB (il n’y aura pas que cela mais le PIB est important). Le PIB, c’est la somme des richesses qui sont créés en une année sur le territoire. Et ce PIB, on se le partage entre tous ceux qui ont contribué à le générer (les travailleurs, les propriétaires d’entreprises) mais aussi les autres (les retraités, les malades, les chômeurs, les élèves… parce que, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, vous ne payez pas l’école ce qui, en soi, peut s'apparenter à recevoir une part du gâteau).

Et ici aussi, une mauvaise répartition du gâteau PIB peut être source de frustrations, de tensions et, potentiellement, de conflits !

C'est parce que la question de la justice sociale est liée à la cohésion sociale et à la morale qu'elle est un objet d'étude important dans toutes les sciences humaines (de la philosophie à l'économie). La réponse est complexe et surtout n'est pas unique. A chaque culture, à chaque pays, à chaque individu, sa vision de la justice sociale... Et celle française est plutôt originale. 

Commentaires

Articles les plus consultés