Que sont les inégalités ?

 

Empruntons la définition des inégalités à Louis Maurin, un des grands spécialistes français des inégalités et un des fondateurs de l’Observatoire des inégalités à Tours.

Louis Maurin (1966-?)

Pour Maurin, on peut parler d’inégalités « quand une personne ou un groupe détient des ressources, exerce des pratiques ou a accès à des biens et services socialement hiérarchisés».

Je précise, on ne sait jamais, qu’il y a ceux qui détiennent ou exercent ou ont accès et ceux qui ne détiennent pas ou n’exercent pas ou n’ont pas accès.

Je précise aussi que ce sont à la fois les ressources, les pratiques et les biens et services qui sont socialement hiérarchisés… J’explique :

• Une hiérarchie sociale, est un type d'organisation basée sur la distribution d’avantages sur une échelle allant du groupe les plus favorisés (tout au-dessus) au groupe le moins favorisé (tout en dessous).
• Or le fait d’être riche (ressource économique) donne des avantages en termes de revenus, de consommation, en terme de capacité d’emprunt, en termes de financement d’études, etc.
• De la même manière, le fait d’être diplômé (ressource culturelle) facilite l’accès à l’emploi, ou à certaines fonctions, cela donne du prestige, etc.

Et on pourrait continuer avec d’autres critères.

Attention, toutes les différences ne seront pas des inégalités… Posséder un chien ou un chat n’est pas une inégalité (en tout cas en France). On n’y associe pas de prestige particulier, ou cela ne s’accompagne pas d’une distinction sociale particulière. Même chose avec la couleur des yeux, des cheveux, etc.

Par contre, simplement être propriétaire de son logement, donne des avantages (on ne paie plus de loyer, la valeur de la maison s’ajoute au patrimoine du ménage ce qui n’est pas le cas s’il y a location). Etre propriétaire d’une résidence secondaire, c’est la capacité de pouvoir partir en vacance à moindre frais, ou de la louer et donc de gagner de l’argent, ou d’en tirer un prestige (on peut envier ceux qui ont une résidence secondaire), etc.

Et on voit bien que le fait de ne pas être propriétaire, ou de l’être ou d’être multipropriétaire établit une hiérarchie entre individus. 

Ainsi la notion d’inégalité implique à la fois une différence entre individus et une hiérarchie entre individus.

Les inégalités sont donc des différences dans la distribution de ressources, de pratiques et de produits répartissant des avantages et des désavantages et générant ainsi une  hiérarchie sociale.

On peut ajouter une dimension à cette présentation que l'on vient de donner des inégalités; une dimension importante parce qu’elle expliquerait beaucoup de faits sociaux (manifestation, exclusion, dépolitisation etc.) : les inégalités feraient naitre un sentiment d'injustice au sein des membres de la société (évidemment au sein des membres les moins avantagés ou qui le percevraient comme tel).

En fait, plus que l'inégalité en elle-même, c'est peut-être, car cela se discute, l'ampleur de l'inégalité qui génère le sentiment d'injustice.