La transmission des crises financières à la sphère réelle par la contraction du crédit

 

Nous avons vu que les crises de 1929 et 2008 étaient des crises financières(lien). Elle "part" du marché des actions pour celle de 1929. Elle "part" du marché immobilier et de celui des obligations pour celle de 2008. Mais dans ces deux cas, on a assisté à des faillites bancaires en chaine et, dans les deux cas, elles sont liées au monde de la finance, au monde de l’argent.

Nous avons aussi vu que ces crises financières avaient des conséquences réelles : le PIB chute et le chômage augmente.

La question désormais, c’est comment ces crises se transmettent de la sphère financière à la sphère réelle…

Il y a un auteur qui va développer une théorie explicative des crises financières et de leur transmission à la sphère réelle. C’est Hyman Minsky. Ce qui est intéressant, c’est qu’il développe sa théorie avant la crise de 2008, et que cela n’a pas empêché cette crise d’apparaitre… comme si l’on ne s’était pas soucié de ses écrits.

Hyman Minsky (1919-1996)

Pour Minsky, il existe un cycle du crédit: il y a une phase d'expansion puis de contraction puis d'expansion puis de contraction, etc., du crédit.

Et en période d’expansion, juste avant la crise, se produit un phénomène qu’il appelle paradoxe de la tranquillité :

Avant le retournement des anticipations et la crise qui s’ensuit, il y a une sorte d'euphorie sur les marchés, de baisse de l'attention de la part des organismes qui doivent les réguler mais aussi des économistes. Cela se traduit par une augmentation des prises de risques de la part des banques qui prêtent progressivement de plus en plus à des agents économiques de plus en plus risqués (des ménages de moins en moins riches ou des entreprises dont les projets sont de plus en plus risqués).

Dans les premiers temps de ce paradoxe, l’économie est dynamisée : les ménages peuvent consommer plus ou investir plus, tout comme les entreprises parce que les crédits accordés par les banques augmentent. 

Mais, en prêtant à des agents de moins en moins solvables (qui ont de moins en moins la capacité de rembourser donc), les banques ont fait en sorte que les défauts de remboursement (le fait de ne plus pouvoir rembourser) augmentent. 

Surtout que pour attirer les emprunteurs, les banques ont pu pratiquer des taux d’intérêt bas qui au bout d’un moment peuvent ré-augmenter... Des taux variables donc.

Mais quand ces taux variables augmentent, les agents économiques qui se sont endettés ont moins la capacité de rembourser... Et certains n'ont plus du tout la capacité de rembourser.

Au bout d’un moment, les défauts de remboursement associés à des anticipations négatives font que le système s’effondre et plusieurs choses vont se cumuler :

  • Les ménages ont peur, ils consomment moins.
  • Les entreprises ont peur ou gagnent moins, elles licencient.
  • Les banques font faillites ou essaient de constituer des réserves donc elles prêtent moins. C’est le crédit crunch (la contraction du crédit). Or avec moins d’endettement des ménages ou des entreprises, l’économie chute puisque les ménages n'achètent plus de maisons (le secteur du Bâtiment Travaux Publics ou BTP se casse la figure) ou ils n'achètent plus de voitures (puisqu'il faut s'endetter pour acheter une voiture) ou il n'achètent plus de voyages (nombreux sont ceux qui s'endettent pour faire des voyages)
Au final la demande dans le pays diminue, or que ce passe-t-il quand la demande diminue: la production diminue. Et que ce passe-t-il quand la production diminue: les entreprises licencient ou font faillite et le chômage augmente. Et que e passe-t-il quand le chômage augmente, la demande diminue encore plus. Et que se passe-t-il ensuite? Bah je vous laisse continuer. 

Il y a ainsi deux grands canaux de transmission de la crise financière à la sphère réelle : la peur des agents économiques (qui ralentissent leurs achats) et voient l’autoréalisation de leurs prophéties tant au niveau de la sphère financière que de la sphère réelle; et la contraction du crédit de la part des banques

Et l’économie atteindra des situation de récession ou de dépression jusqu’à ce que la mécanique du crédit reparte sur sa phase d’euphorie. Mais d'ici là. Ben d'ici là, c'est la misère. 

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