Les asymétries d'information sur le marché du travail peuvent générer un chômage structurel


Il est possible que vous ayez déjà était confronté au problème de l’asymétrie d’information

Dans le marché du travail que je vous ai présenté (lien), sans vous avoir prévenu, j’ai utilisé la théorie du marché concurrentiel (programme de Première) pour l’appliquer au monde du travail. Je vous ai dit que le travail était une marchandise qui s’échangeait et que de cet échange, de cette confrontation entre l’offre et la demande de travail découlait la quantité de travail dont on avait besoin et le prix de travail donc le salaire.

Ce marché théorique, si vous vous souvenez de vos cours de première, repose sur plusieurs hypothèses et notamment la parfaite information.

Par exemple, si un travailleur est capable de réaliser la même tâche qu’un autre mais pour moins cher, les entreprises le sauront (elles ont une parfaite information) et prendront ce travailleur. Inversement, si une entreprise peut payer plus cher une même tâche qu'une autre entreprise concurrente, les travailleurs le sauront et chercheront à travailler dans cette entreprise . Et donc, comme la concurrence entre ce petite monde est pure et que l’information est parfaite, les salaires pour une même tâche tendent à être les mêmes partout et ces salaires reflètent une certaine réalité économique entre moyens des entreprises, efforts des salariés, etc. L’équilibre du marché serait ainsi la situation la meilleure à laquelle on peut arriver. Youpi tralala.

Sauf... Sauf que dans la vraie vie, l’information n’est pas parfaite. Il y a toujours un agent économique, l’employeur ou le travailleur, qui a une meilleure information sur lui-même. Il n’y a pas égalité d’information; il y a asymétrie d’information (l’asymétrie d’information signifiant d’une manière générale que, dans la relation entre deux agents économiques, l'un bénéficie de moins d'informations que l'autre).

 Le problème qui nous intéresse plus précisément, c’est celui où le travailleur a une meilleure information sur lui-même que son employeur n’en a sur ce travailleur. 

Placez-vous dans la tête d'un employeur... Comment faire en sorte que le travailleur que vous avez ou allez embaucher se donne au maximum pour l’entreprise ? 

L'entretien d'embauche

Normalement, il faudrait le payer à ce qu’il rapporte, et si tout le monde faisait ainsi, on aurait un salaire qui correspondrait au salaire d’équilibre. Mais la réalité est plus complexe.

Alors comment faire ?

Eh bien, on fait comme votre professeur de SES avec vous… On rémunère plus que ce que vous valez. J’exagère pour vous faire râler. Mais imaginons que votre vraie valeur soit ce que vous avez eu au bac blanc. Pour la plupart d’entre vous (pas tous), votre note était inférieure à votre moyenne.

En pratiquant des moyennes élevées, sur la base d’un travail plutôt important mais plutôt simple (les cartes mentales, les qcm), je me suis arrangé pour que vous bossiez bien (ou relativement bien) . Je vous ai motivé à faire plus que ce que vous auriez fait sans cette petite manipulation et à faire ce que votre potentiel vous permettez de faire… Ne me dîtes pas que vous exploitez tout votre potentiel à fond dans toutes les matières (c’est peut-être valable pour 4 ou 5 d’entre vous mais pas pour l’intégralité de la classe).

Dans le monde du travail, surtout dans les grandes entreprises où l’on peut facilement se « cacher », c’est la même chose. Si on veut que les travailleurs se donnent à fond, alors qu’en tant qu’employeur on ne peut pas les observer, on peut chercher à les payer plus pour les inciter à se dépasser (on peut prendre cela comme une sorte de gratification mais aussi comme une incitation à chercher à ne pas perdre un emploi rémunérateur). 

C’est ce qu’on appelle la théorie du salaire d’efficience. L’efficience, c’est la capacité d'un individu à être performant dans un type de tâche donné. Il y aurait un salaire qui inciterait les travailleurs à se dépenser plus que leur nature ne les y pousserait… Notamment parce que dans les autres entreprises, le salaire est plus faible… Et que dans le doute, plutôt que de perdre son emploi pour en retrouver un moins rémunérateur, autant se donner à fond pour celui-là qui paye bien.

Alors, évidemment, toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre financièrement de pratiquer ce salaire d’efficience. Mais il suffit qu’un bon nombre le fasse pour que cela déséquilibre le marché du travail.

Vous allez comprendre…

Si les entreprises paient les salariés plus chers qu’ils ne le valent, le coût du travail est plus élevé qu’il ne le devrait. Le budget de l’entreprise en est impacté.

La demande de travail des entreprises est plus faible qu’elle ne devrait (l’argent dépensé en plus pour s’assurer de la motivation des travailleurs en place n’est pas utilisé pour embaucher d’autres personnes).

Globalement, il y a donc moins d’embauches et donc moins d’emploi que s’il y avait parfaite information.

Conclusion : l’asymétrie d’information conduit à la mise en pratique de salaire d’efficience qui en diminuant la demande de travail génère du chômage.

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