Mobilité observée des femmes et des hommes

 

BirdyDoc qui compare les tables de destinée des femmes et des hommes

Comparons les destinées des hommes et celles des femmes. 

J’ai trouvé des tables de mobilité qui regroupent les employés et les ouvriers mais qui établissent une distinction entre travailleurs qualifiés et travailleurs non qualifiés. Cela me semble plus intelligent et plus proche de notre réalité (que ce que j'ai pu utiliser dans un article précédent) car les travailleurs peu qualifiés gagnent moins et sont plus soumis aux risques de chômage ou de précarité de l’emploi.

Gardons tout de même le même principe de pyramide que dans l'article précédent mais établissons  une distinction entre « employés et ouvriers non-qualifiés » au bas de la pyramide et « employés et ouvriers qualifiés » (juste au-dessus).

Cela donne les tables de destinée de la page qui précède (mais là encore la disposition des couleurs est discutable) :


Table de destinée des hommes de 35 à 59 ans en France en 2014

 

Source: Enquêtes Emploi 2010-2014 (lnsee) - Champ: Actifs nés entre 1955 et 1979

 

Table de destinée des femmes de 35 à 59 ans en France en 2014

 

Source: Enquêtes Emploi 2010-2014 (lnsee) - Champ: Actifs nés entre 1955 et 1979


Que peut-on relever comme différences entre filles et garçons?

  • Chez les agriculteurs, moins de filles sont devenus agricultrices que de garçons (7,3% pour 26,7%). Elles deviennent par contre plus souvent cadres que les garçons (11,9% pour 8,5%) mais aussi plus souvent employés et ouvriers (36,5% pour les garçons et 57,7% pour les filles quand on additionne). Et pour être plus précis, c’est surtout « employées » car il y a peu de femmes ouvrières.
  • Chez les indépendants, les garçons deviennent plus souvent cadre que les filles et les filles plus souvent employées (et ouvrières) que les garçons.

Sans approfondir, on peut d'ores-et-déjà dire que les filles appartiendront plus souvent à la catégorie « employé et ouvrier »… parce que la PCS des « employés » va les capter, va agir comme une sorte de trappe (qu’on pourra expliquer) dont il leur est difficile de s’extirper… Si je ne me trompe pas, près d’une femme active sur deux est employée. 

Mais continuons…

  • La reproduction sociale chez les cadres est forte mais plus forte pour les garçons que pour les filles (49% contre 35%). La deuxième destinée des enfants de cadre est celle de profession intermédiaire (très vrai pour les filles). A l’inverse des enfants de profession intermédiaires qui, eux, deviennent souvent cadre quand ils ne sont pas profession intermédiaire.
  • Peu d’enfants d’employés et ouvrier qualifiés descendent (17,4%)
  • Les deux tiers des filles d’employés et ouvriers non qualifiés et les trois quarts des garçons (à peu près) « montent ».

Dans tous les cas, la mobilité est avant tout une mobilité de proximité : peu d’individus du haut descendent au premier étage de la pyramide (tant mieux pour eux) mais peu d’individus du bas montent au dernier étage (et là, c’est plus problématique… 8,3% des garçons et 7,5% des filles d’employés et d’ouvriers non qualifiés deviennent cadres).

Ca n’empêche pas qu’il y en a et j’en ai vu passer plein mes classes (donc on ne se démoralise pas).

 Alors, à la lecture de ces deux tables, on se rend compte que la situation des femmes est moins enviable que celle des hommes… mais on peut affiner en observant dans le temps l’évolution de la mobilité. Voici ce que donne, d’une manière générale, l’évolution de la mobilité en France mesurée en % (le total de chaque colonne fait 100%).


Il y a plusieurs constats importants.

  1. Depuis quarante ans, la mobilité sociale des hommes n’a pratiquement pas bougé (63,9% en 1977 pour 65,2% en 2015) alors que pour les femmes, on passe de 63,9% à 70,1%)…
  2. … Sauf que la mobilité descendante est plus forte pour les femmes.
  3. Cette mobilité descendante a été multipliée par 2 pour les hommes et par 1,5 pour les femmes entre 1977 et 2015.
  4. La mobilité descendante est plus forte que la mobilité ascendante chez les femmes (25% contre 21,8% en 2015) et moins forte chez les hommes (15% contre 27,6%).
  5. Par contre, de 1977 à 2015, la mobilité ascendante a plus faiblement augmenté chez les hommes (+ 4 points) que chez les femmes (+ 9 points). On peut même relever que cette mobilité ascendante baisse depuis 2003 chez les hommes (27,6% en 2015 contre 30,8% en 2003) alors qu’elle continue d’augmenter (mais peu chez les femmes (21,8% contre 21%).

Au final, la situation semble tout de même plus enviable pour les hommes que pour les femmes. Nuançons tout de même ce propos en étudiant l'évolution de la mobilité des femmes par rapport à leur mère (et non plus leur père). 


Rappelez-vous, en 2015, 21,8% des filles connaissaient une mobilité ascendante par rapport à leur père et 25%, une mobilité descendante ; mais si on compare la destinée des filles par rapport au mères, 39,8% connaissaient une mobilité ascendante (c’est beaucoup, c’est 2 sur 5) et 11,7% une mobilité descendante. Et on voit clairement que l’immobilité sociale chute : de 40,9% à 29,5%

La place de la femme dans la société est donc en train de changer. On est encore loin d'une égalité hommes-femmes dans le monde professionnelle et, plus largement, dans la structure sociale mais il y a du progrès. 

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