Les caractéristiques de la mobilité globale en France

 

BirdyDoc a du mal avec les tables de destinée

La mobilité observée, c’est celle qu’on peut observer directement à partir des tables de mobilité. Elle est donc, d’une manière générale, l’ensemble des individus qui ont changé de groupe social par rapport à un de leur parent

N’oubliez pas, la mobilité peut être ascendante ou descendante donc verticale. Mais elle peut-être aussi horizontale. Et j’ajoute qu’elle peut être aussi une mobilité de statut, (par exemple quand un salarié devient travailleur indépendant donc son propre patron).

Ce que je vous propose, c’est qu’on retravaille avec la table de destinée mixte présentée dans un article précédent et on opèrera une distinction fille/garçon dans un autre article. 

Commençons par la simple étude de la destinée des enfants d'agriculteurs

 

Table de destinée des enfants d'agriculteurs

Tables de mobilité intergénérationnelle des actifs (35-59 ans) par PCS niveau 1


17% d’enfants de pères agriculteurs devenaient agriculteurs donc 83% des enfants de pères agriculteurs ne devenaient pas agriculteurs. La reproduction sociale, chez les agriculteurs, c’est donc 17%. La mobilité sociale, c’est 83%.

Mais quelle part de la mobilité des agriculteurs est ascendante, descendante, horizontale ?

Le problème est dans la manière dont on hiérarchise les professions et cette manière peut être subjective. 

Voici ce que je vous propose (mais attention, c’est ma proposition):

  • On met les agriculteurs et les indépendants sur la même échelle au-dessus des ouvriers et des employés, eux-mêmes sur la même échelle.
  •  Pour faciliter les choses, on met les cadres tout en haut. Mais c’est déjà problématique ; par exemple, parce que beaucoup d’agriculteurs beaucerons gagnent nettement plus que des professeurs du secondaire (cadres), et que dans la catégorie indépendante il peut y avoir des grands patrons. Mais bon, si on raisonne en moyenne, ça passe.
  • L’autre problème, c’est le positionnement des professions intermédiaires. Je vous propose qu’on les place au même niveau que les agriculteurs et les indépendants.

Cela donnerait donc à peu la pyramide suivante qui n’est pas si « mal que cela » parce que, en termes d’effectifs, il y a beaucoup plus d’ouvriers-employés que "d’agriculteurs, d'artisans-commerçants-chefs d'entreprise et de professions intermédiaires" (ce que j'appelle par la suite les indépendants), eux-mêmes plus nombreux que les cadres:

 


 

Je vous propose aussi le code couleur suivant :

  • En rouge, la mobilité descendante (ou déclassement)
  • En vert, la mobilité ascendante
  • En jaune, l’immobilité sociale (ou reproduction sociale)
  • En taupe, la mobilité horizontale (un individu change de catégorie tout en restant sur le même niveau de la structure sociale).

Et on aurait donc


Tel que je vous le présente, chez les enfants d’agriculteurs

  • 17% des enfants connaissent une reproduction sociale
  • 23% des enfants connaissent une mobilité horizontale (6 +17)
  • 10% des enfants connaissent une mobilité ascendante
  • 50% connaissent un déclassement (25 + 25)

Alors attention, ces résultats sont liés à mon interprétation de la structure sociale. Si on avait mis, les agriculteurs au niveau des ouvriers, on aurait eu autre chose. Donc, pensez lors de votre analyse de la mobilité à préciser votre hiérarchie sociale.

 

Si on tient compte, désormais, de toutes les catégories sociales, cela donne la table de destinée suivante:

Tables de mobilité intergénérationnelle des actifs (35-59 ans) par PCS niveau 1

Ainsi, 59% des enfants de cadre connaitraient une mobilité descendante mais il n’empêche qu’ils sont la catégorie la plus marquée par une véritable reproduction sociale (et puis 41% d'entre-eux restent "en haut"). 36% des enfants de cadre « descendent » d’un cran, et 24% de deux crans. La mobilité sociale est donc prioritairement ce que l’on appelle une mobilité de proximité: les enfants de cadres changent de catégories mais pour aller surtout dans la catégories la plus proche. D'autre part beaucoup d'enfants de cadre ne devenant pas cadres deviennent chef d'entreprises, ce qui les déclasse dans notre structure sociale (les chefs d'entreprises étant incorporés à la catégories des artisans-commerçants-chef d'entreprise de plus de 10 salariés). Or ce déclassement est largement discutable. 
C'est le problème de la construction des PCS qui avait été soulevé dans un autre article

A l’opposé, si on prend les ouvriers, la reproduction sociale est de 32%. Mais si on tient compte de la catégorie « employés », on comprend que 66% d’entre eux restent sur la même échelle sociale. 27% passent au niveau supérieur et seulement 8% deviennent cadres alors que, en moyenne, 17% de enfants devenaient cadres (le 17% de la ligne ensemble).

La mobilité des enfants d’employés est plus forte mais pas beaucoup plus forte. Et je vous laisse observer le reste.

En conclusion: 

  1. la mobilité sociale en France es avant tout une mobilité de proximité.
  2. la reproduction sociale chez les cadres est forte.
  3. la reproduction sociale chez les ouvriers, si on tient compte qu'ils sont sur la même échelle que les employés, est encore plus forte. D'ailleurs la reproduction sociale chez les employés, si on tient compte du fait qu'ils sont sur la même échelle que les ouvriers, est elle aussi forte (mais moins forte que celle des ouvriers).
  4. La probabilité d'accéder à la catégorie des cadres est plutôt faible (sauf pour les enfants de cadres).

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