Comment expliquer la mobilité structurelle ?
Quand les robots remplacent les ouvriers, il y a moins de place pour les ouvriers |
La période allant des trente glorieuses à nos jours est
marquée par plusieurs mutations dont les deux impulsions (liées) sont la
croissance économique (avec, en France, l’enrichissement en moyenne des individus) et le
progrès technique…
Le progrès technique, qui est avant tout l’amélioration des
techniques de production, va permette une certaine « libération » de main
d’œuvre dans l’agriculture et l’industrie (on a moins besoin de travailleurs
dans l’agriculture et l’industrie).
La mécanisation puis
la robotisation ont permis un accroissement de la productivité du travail et
ont diminué le besoin de main d’œuvre dans le secteur primaire (agricole) et le
secondaire (industrie surtout). La grande distribution, et le développement des
franchises (Zara, McDo, Midas, etc.), vont transformer certains métiers du
tertiaire, et contribuer à la baisse des Artisans-commerçants-chefs
d'entreprise qui vont de plus en plus devenir des salariés de grands groupes
(donc des cadres, des professions intermédiaires, des employés).
Dans le même temps, l’accroissement du revenu moyen par
habitant permis par le progrès technique, ainsi que
l’augmentation de certaines dépenses de la part de l’Etat pour la fourniture de
services publics, ont permis un « déversement » des emplois détruits (dans le
primaire et le secondaire) dans le tertiaire (c’est la tertiarisation qui va
d’ailleurs favoriser la féminisation de l’emploi), d’où l’augmentation des
employés. D’autre part la complexification de la production va entrainer la
hausse des professions intermédiaires et de cadres-professions intellectuelles
supérieures, tout comme le fera l’explosion des services de santé et
d’éducation.
Les professions se transforment et, mécaniquement, les
destinées aussi. Ainsi, s’il y a moins besoin d’ouvriers et d’agriculteurs, il
est normal que moins d’enfants d’ouvriers et d’agriculteurs le deviennent. S’il y
a plus besoin de professions intermédiaires ou de cadres, il est normal, de la
même manière, qu’il y ait mobilité sociale ascendante.
On rend souvent compte de cette évolution
sous la forme du graphique suivant.
Source: www.insee.fr |
On voit bien que le poids (en %) des ouvriers dans la population active diminue, tout comme celui des agriculteurs et, dans une moindre mesure, celui des artisans-commerçants-chefs d'entreprise de plus de 10 salariés... Inversement, celui des cadres augmente fortement, celui des professions intermédiaires aussi mais moins fortement.
Champ : France métropolitaine, femmes et hommes français
actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de
l’année d’enquête.
Lecture : en 2015, 3 % des hommes et 8 % de leurs pères sont
agriculteurs exploitants ; en 1977, ils étaient respectivement 10 % et 25 % à
exercer cette profession.
Source : Insee, enquêtes Formation et qualification
professionnelle 1977, 1993 et 2014-2015.
Mais attention, comme je l'ai relevé dans un article précédent, cette mobilité structurelle n'explique pas la majorité ou la plus grande partie de la mobilité en France. Il y a une autre source de mobilité...
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